Transport interne et moyens de transport internes
Quelles sont les principales causes d’accidents impliquant un transport interne ?
Un quart des accidents du travail sont liés à la circulation interne ou au transport interne. Et cela n’a rien d’illogique, car tant dans les bâtiments que sur les terrains extérieurs de nos entreprises, des voitures, des cyclistes, des piétons, des chariots élévateurs, des camions et toutes sortes d’autres véhicules circulent en même temps pour se garer, livrer ou entreposer des marchandises.
Les causes de tels accidents incombent aux usagers de la route eux-mêmes, mais l’aménagement des terrains et des bâtiments et l’organisation du travail jouent également un rôle. Les cinq causes les plus fréquentes d’accidents lors du transport interne sont dès lors :
- Un aménagement inadapté, avec comme risque principal : une séparation insuffisante entre les piétons et les véhicules.
- Une conduite imprudente.
- Un comportement inadapté des piétons.
- Le fait de ne pas se conformer (correctement) aux procédures et au plan de circulation interne, qui reflète les flux de circulation, les règles de circulation et les zones dans une organisation ou une entreprise.
- La visibilité limitée à bord des véhicules, en raison d’une mauvaise conception ou d’une mauvaise utilisation (par exemple lorsque le chargement réduit la visibilité du conducteur).
Comment rendre la circulation interne ou le transport interne aussi fluide et sûr que possible ?
Pour sécuriser la circulation interne dans votre entreprise, vous devez séparer les différentes fonctions, comme conduire, marcher, se garer ou entreposer des marchandises, en zones spécifiques. En outre, il est important de séparer les différents flux de circulation (livraison/enlèvement, personnes/marchandises).
Fluidifier la circulation interne ou le transport interne exige des voies de circulation appropriées. Quelques points d’attention à cet égard :
- Assurez-vous que les voies de circulation sont correctement dimensionnées, en tenant compte de facteurs tels que l’utilisation, les types de véhicules, leur densité par rapport au terrain...
- Mettez en place une signalisation et des marquages au sol uniformes.
- Aplanissez vos voies de circulation et supprimez les obstacles, évitez autant que possible les virages et les pentes et veillez à une visibilité suffisante.
- Choisissez le revêtement de sol approprié et ce, en fonction de l’espace, du nombre de déplacements effectués par les moyens de transport internes et de la nature de la circulation, de l’emplacement du local, des circonstances (par exemple locaux ayant un taux d’humidité de l’air élevé), des activités et des processus (par exemple résistance aux substances chimiques) et de l’entretien requis.
- Séparez les voies de circulation pour les différents moyens de transport (via votre infrastructure ou à l’aide de marquages).
- Installez un éclairage suffisant et adéquat.
- Prévoyez un nettoyage régulier et adapté des voies de circulation.
- Établissez des règles de circulation uniformes ou un règlement.
Comment établir un plan pour la circulation interne dans votre entreprise ?
Vous devez réaliser une bonne analyse de la situation pour fluidifier la circulation interne et limiter le nombre d’accidents. Pour ce faire, un plan de circulation clair et précis est un outil indispensable, car il vous donne un aperçu visuel des points problématiques et des risques éventuels. Pour rassembler les données nécessaires à ce plan, vous pouvez utiliser les éventuels plans préexistants (gestion logistique) et les résultats d’analyses de risques antérieures. Si ces dernières ne contiennent pas suffisamment d’informations, réaliser une analyse des risques spécifique peut s’avérer nécessaire.
Les points à étudier attentivement lors de cette analyse sont non seulement les risques durant le travail proprement dit, mais aussi les circonstances éventuelles pouvant influencer ou déclencher ces risques. Procédez de manière systématique et impliquez dans la mesure du possible vos collaborateurs sur le terrain dans ces analyses. Ils disposent souvent d’informations précieuses qu’il ne serait pas possible d’obtenir autrement.
Un bon plan de circulation comprend au minimum les règles de séparation des usagers et des fonctions (p. ex. stationnement, entreposage) de même que les sens de circulation, règles de priorité, vitesses maximales autorisées et zones de circulation à respecter.
Un plan de circulation se base sur le plan de votre entreprise, des entrepôts et des environs. Il mentionne les différents flux de circulation, dont :
- les travailleurs
- la circulation interne entre les bâtiments, dans les entrepôts, entre les départements…
- les visiteurs
- les livraisons et enlèvements
Le plan précise en outre des éléments spécifiques, comme :
- les sorties, portails, croisements, passages pour piétons, angles
- les espaces de manœuvre et sens des manœuvres
- les quais de chargement et déchargement, parkings, stationnements cyclables (motos)
- les obstacles, pentes, rétrécissements
- les accès pour les pompiers et les services de secours
Pour dresser la carte de la circulation interne, l’on peut aussi tenir compte d’informations pertinentes comme :
- les moyens de transport utilisés et les types de déplacement pour lesquels ils sont utilisés
- les horaires des flux de circulation : le travail en équipes a par exemple un impact sur l’afflux de travailleurs vers et depuis les parkings
Un aménagement sûr et des règles claires garantissent-ils une circulation interne sans accident ?
Un aménagement correct et des règles de circulation claires ne garantissent pas une circulation interne sûre. En effet, celle-ci nécessite l’engagement de tous les membres de votre entreprise, et elle suppose une formation et un contrôle.
L’interaction entre piétons et véhicules doit surtout être un point d’attention permanent. Bien souvent, les piétons n’ont par exemple pas suffisamment conscience de la visibilité limitée des conducteurs de chariots élévateurs. Inversement, les conducteurs ne se méfient pas toujours assez du comportement imprévisible des piétons.
Pour que les voies de circulation et les équipements de travail utilisés restent en bon état, il faut aussi que les problèmes soient immédiatement signalés et résolus. Pour y parvenir, impliquez tous vos travailleurs en mettant au point une procédure simple, où chacun est encouragé à signaler immédiatement tout problème.
Comment choisir le bon moyen de transport ?
Transpalette, gerbeur, chariot élévateur... Le choix du moyen de transport adéquat est essentiel pour la sécurité dans votre entreprise. En effet, un moyen de transport doit être adapté aux tâches que vous exécutez avec celui-ci et à l’environnement dans lequel vous l’utilisez.
Le choix et l’achat d’un moyen de transport sont régis par la législation sur les équipements de travail. La procédure des trois feux verts, qui prévoit l’implication du conseiller en prévention dans la commande, la livraison et la mise en service, est obligatoire.
Voici un aperçu des moyens de transport les plus utilisés dans les entreprises avec une description de leur utilisation :
Le transpalette électrique
Un transpalette électrique est utilisé pour déplacer des palettes. Il présente une faible hauteur de levée (25 à 30 cm) et une vitesse limitée. Nous établissons une distinction entre les transpalettes électriques à conducteur accompagnant ou à conducteur porté (debout ou assis).
En cas d’usage intensif, un transpalette électrique à conducteur accompagnant convient pour une distance de transport allant jusqu’à 30 mètres. En cas d’usage occasionnel, cette distance peut aller jusqu’à 100 mètres. Le bouton d’inversion du sens de la marche sur le timon est un dispositif de sécurité essentiel pour un transpalette électrique à conducteur accompagnant. Il permet d’éviter de se retrouver coincé entre le timon et un mur par exemple.
Si vous optez pour un transpalette électrique à conducteur porté, vous devez surtout prêter attention au cloisonnement du poste de conduite. Il est important que le conducteur soit bien protégé durant la conduite.
Trois conseils pour travailler en toute sécurité avec un transpalette électrique :
- Avant l’utilisation : vérifiez si le transpalette est en ordre d’un point de vue technique et si vous portez les équipements de protection individuelle nécessaires (chaussures et gants de sécurité).
- Pendant le chargement : assurez-vous que le chargement est bien réparti sur les deux fourches. Ne mettez pas tout sur un seul endroit et respectez toujours la capacité de charge indiquée.
- Pendant la conduite : maintenez une certaine distance par rapports aux autres véhicules, aux murs et aux étagères de stockage. Tenez également compte des autres travailleurs présents dans les environs.
Le gerbeur
Un gerbeur ressemble à un transpalette, mais est équipé d’un système permettant d’empiler des palettes. La hauteur de levée peut aller jusqu’à 3 mètres, voire 5 mètres exceptionnellement Tout comme le transpalette, le gerbeur a une vitesse limitée et existe en modèles à conducteur accompagnant et porté (debout ou assis).
Le chariot élévateur
Le chariot élévateur est un engin de levage à fourches dont la hauteur de levée est généralement d’environ 3 mètres. Le conducteur est assis dans le sens de la marche. Les chariots élévateurs sont à propulsion électrique ou thermique (essence, diesel, lpg). Le chariot élévateur à moteur thermique convient surtout pour une utilisation extérieure. La protection de la tête (contre les chutes d’objets), la cabine et la ceinture de sécurité, qui doit éviter que le conducteur soit projeté à l’extérieur du véhicule en cas de basculement, sont des dispositifs de sécurité importants.
Cinq conseils pour travailler en toute sécurité avec un chariot élévateur :
- Avant l’utilisation : vérifiez si le chariot élévateur est en ordre d’un point de vue technique (freins, pneus, direction…).
- Derrière le volant : portez toujours la ceinture et gardez la tête, les mains et les pieds à l’intérieur de la cabine.
- Pendant le chargement : prenez la charge bien sur les fourches et le plus près possible du mât. Faites basculer le mât légèrement vers l’arrière, veillez à ce que le centre de gravité de la charge soit suffisamment proche du mât et respectez la capacité de charge.
- Pendant la conduite : respectez les limitations de vitesse ; ralentissez avant un virage, un croisement et s’il y a des piétons dans les environs. Utilisez le klaxon si nécessaire (au niveau d’un croisement ou en entrant dans l’entrepôt) et maintenez une distance suffisante par rapport aux autres usagers de la route.
- Lever ou transporter des personnes avec un chariot élévateur peut provoquer des accidents très graves : ne le faites pas !
Le chariot à mât rétractable
Le chariot à mât rétractable est un engin de levage électrique équipé de fourches et d’un mât rétractable. Il a une hauteur de levée allant jusqu’à 6, voire 10 mètres. Cet engin convient surtout pour un usage intérieur, dans les couloirs des entrepôts. La position du poste de conduite – transversale par rapport au sens de la marche – est moins confortable et nécessite une adaptation du conducteur.
Quels sont les principaux risques liés à l’utilisation de moyens de transport interne ?
Les moyens de transport interne sont utilisés à diverses fins (empiler, transporter des charges, se déplacer, etc.). Ils existent donc en différents types et modèles, allant du simple transpalette au chariot à mât rétractable avec hauteur de levée jusqu’à 10 mètres. Leur utilisation n’est toutefois pas sans risque et par conséquent, en tant qu’assureur, nous voyons encore régulièrement des déclarations des types d’accidents du travail suivants :
- Chutes en dehors du moyen de transport
- Chutes d’objets sur le conducteur, par exemple après une collision avec un rayonnage
- Situation dans laquelle le conducteur se retrouve coincé, par exemple entre le véhicule et un mur
- Collisions entre véhicules, ou entre un véhicule et un piéton
- Basculement (généralement latéral) par :
- manœuvres sur des pentes
- surcharge des chariots élévateurs
- mouvements de la charge
Une formation est-elle obligatoire pour les équipements de travail mobiles ?
Le législateur stipule que seuls les travailleurs qui ont reçu une formation adéquate peuvent conduire des équipements de travail mobiles automoteurs. En conséquence, une formation est obligatoire, mais son contenu et sa durée ne sont pas fixés par la législation. Il revient à l’employeur de veiller à ce que les conducteurs de ces moyens de transport interne disposent des connaissances et compétences nécessaires.
Les étudiants jobistes peuvent-ils conduire un chariot élévateur ?
En principe, les étudiants jobistes ne peuvent pas conduire de chariots élévateurs en Belgique, mais les exceptions suivantes s’appliquent à l’utilisation de transpalettes, à condition que les mesures de prévention nécessaires soient prises :
- Les étudiants jobistes âgés entre 16 et 18 ans peuvent conduire les chariots automoteurs à petite levée avec conducteur accompagnant dont la vitesse maximale est limitée à 6 km/heure.
- Les étudiants jobistes de plus de 18 ans peuvent conduire les chariots automoteurs non gerbeurs à petite levée, dont la vitesse est limitée à 6 km/heure (conducteur accompagnant) ou à 16 km/heure (conducteur porté).
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